source: slovar.blogspot.com
Au moment où les ultra libéraux de l’UMP et le MEDEF passent leur temps à remettre en cause le temps et le coût du travail, un des membres important du MEDEF rend son tablier et crucifie la politique économique et sociale de l’organisation patronale !
De qui cette phrase : » Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d’effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse » de Bernard Thibault, de Jean-Luc Mélenchon ?
Non, d’Eric Verhaeghe, membre important du MEDEF, qui vient de rendre tous les mandats qu’il exerçait au nom du MEDEF dans des organismes paritaires !
Il ajoute au passage qu’il : » (…) est en désaccord complet avec la politique menée par Laurence Parisot depuis 2008. Politique qu’il n’hésite pas à qualifier d' »immobilisme brejnevien » (…) » – Le Point
Etonnante et courageuse réaction, lorsqu’on connait les positions du MEDEF et ses ritournelles sur le coût du travail, l’emploi des jeunes et seniors et surtout la « nécessaire flexibilité » de tous les salariés face à la mondialisation !
Une démission qui va laisser des traces au MEDEF
Eric Verhaeghe, directeur des affaires sociales de la puissante Fédération française des sociétés d’assurance (l’une des principales fédérations contributrices du Medef), a annoncé qu’il démissionnait de tous les mandats qu’il exerce au nom du Medef : » présidence de l’Association pour l’emploi des cadres depuis juillet 2009, conseils d’administration de l’Agirc, de l’Acoss, de la Cnav, de l’Unedic et de Pôle emploi »
Pourtant, celui-ci avait pris la direction de l’APEC » (…) dans un contexte de rééquilibrage des présidences détenues par le Medef dans les organismes paritaires, postes jusqu’alors largement occupés par l’UIMM (…) » nous dit l’Argus de l’Assurance
Si sa démission de l’APEC est due, selon lui à l’immobilisme et à une bonne part de … mauvaise foi de la part de l’organisation patronale : » (…) depuis plus d’un an, (il) propose de réformer les structures de l’Apec » afin de les mettre en adéquation avec le droit européen et qu’il « ne se retrouve pas » dans le projet d’accord qui a été soumis par le patronat aux syndicats le 21 décembre sur le sujet (…) » – Les Echos
Il ajoute, au sujet de l’abandon de tous ses autres mandats, que : » (…) le seul geste utile qu’il puisse faire aujourd’hui est de démissionner de tous ses mandats puisqu’il ne partage plus les positions du Medef dans ces instances (…) »
Au delà du panache, que l’on peut saluer, l’homme n’a pas décidé d’en rester là puisqu’il : » (…) publie aux éditions Jacob-Duvernet un livre intitulé « Jusqu’ici tout va bien » et sous-titré : Enarque, membre du Medef, président de l’Apec, je jette l’éponge !. Dans cet ouvrage, il critique les positions de l’organisation de Laurence Parisot et plus largement certaines dérives de la société. » Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique » – L’Argus de l’Assurance
L’Expansion et Challenge nous donnent un aperçu du contenu de ce livre qui ressemble furieusement à un brûlot contre la politique de l’organisation patronale !
L’Expansion : » (…) Point de départ de sa réflexion : la crise de 2008 et l’attitude des grands patrons, à ce moment surtout préoccupés, selon lui, par la préservation de leurs avantages ( …) Alors que les entreprises allaient mal, que des charrettes de licenciements étaient annoncées, une seule chose occupait les esprits : la situation juridique des dirigeants ( …) sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit »
Le discours sur le coût du travail en France (trop élevé selon le patronat) en particulier, l’inquiète : « En pesant sur les conditions de vie des salariés, on pousse ceux-ci à s’endetter pour vivre. Or, la crise a démontré les dangers de l’endettement ». Il défend aujourd’hui l’idée que les « élites doivent assumer leur part d’effort » pour redresser la situation financière du pays : « Le niveau atteint par la dette ne permet plus de financer des baisses d’impôts ciblées sur les plus hauts revenus (…) »
Challenge : » (…) Il est dangereux de répéter à l’envi que le coût du travail est trop élevé », ce qui aboutit à la « modération salariale » et à l’endettement « massif » des salariés et favorise socialement « l’extrémisme » (…) Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d’effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse (…) Sur un plan moral, lance-t-il, « rien ne justifie que le remboursement de la dette soit assumé par les plus bas revenus » qui en « profitent le moins » Il appelle les élites à « ne pas se comporter comme une noblesse d’ancien régime » et les exhorte à « un sursaut républicain (…) »
Mais que pense la FFSA de la décision d’Eric Verhaeghe et de la parution de son livre ? Pour l’instant, aucun echo. Mais comme l’indique l’AFP : » (…) il va continuer à exercer sa fonction de directeur des affaires sociales de la Fédération française des sociétés d’assurance, qu’il occupe depuis 2007 (…) »
Il ne reste donc plus qu’à attendre la réaction de Laurence Parisot et celle des … partis politiques et des candidats à la présidentielle de 2012 qui vont, très certainement, s’arracher ce livre …
Eric Verhaeghe : « Jusqu’ici tout va bien » Édition Jacob Duvernet 19,90 euros